Les troubles du spectre autistique (TSA)

Entre 450 000 et 600 000 personnes seraient atteintes de troubles du spectre de l’autisme (dit TSA) en France.
Près de 40% des patients HP en consultation présenteraient également des troubles du spectre autistique, selon David Gourion, co-auteur du livre Éloges des intelligences atypiques, paru aux éditions Odile Jacob en 2018! Dans cet article, partons à la découverte de cet atypisme !

Depuis la publication du DSM-5 en 2013, le terme de troubles du spectre de l’autisme englobe :
-L’autisme (ou le trouble autistique, avec l’autisme dit de Kanner notamment, qui se situe à l’extrémité « basse » du spectre)
-Le syndrome d’Asperger, classé en tant que trouble envahissant du développement (TED), qui est un trouble du spectre autistique sans déficience intellectuelle, se situant ainsi à l’extrémité « haute » du spectre. Il se manifeste par des difficultés d’interactions du sujet avec son environnement, avec une altération des capacités à décoder et à émettre des messages communicatifs et efficaces.
-Le trouble désintégratif de l’enfance, qui se caractérise par une perte des acquis assimilés de manière antérieure, et par une fréquence de diagnostic de retard mental.
-Le TED-NS ( trouble envahissant du développement non spécifié). Un trouble caractérisé par une forte altération des interactions réciproques, du développement du langage, qui diffère de l’autisme classique par un développement plus tardif ou une symptomatologie dite atypique.

Schéma propriété de l’association CAPU

Le dénominateur commun des troubles du spectre est donc leur nature de trouble neuro-développemental, autrement dit un câblage neuronal différent, qui engendre des difficultés pour l’individu à s’intégrer et à interagir avec son environnement. Les quatre principales déclinaisons sont les suivantes :

-TSA avec déficience intellectuelle
-TSA sans déficience intellectuelle
-TSA avec troubles du langage
-TSA sans troubles du langage

On parle de spectre, car les troubles varient en caractéristiques et en degré de sévérité, d’un individu à l’autre, et tout au long de la vie de ce dernier !

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Les troubles du spectre autistique touchent :
– Les relations sociales
– La communication
– Les comportements et les intérêts
, qui sont restreints, stéréotypés, et répétitifs, car les individus présentant des troubles du spectre autistique sont rassurés par les schémas routiniers.

On regroupe ces trois éléments sous le terme de « triade » des troubles du spectre autistique, qui font de ces troubles différentes formes de handicaps sociaux.

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Selon le DSM-5, les symptômes de cette triade des troubles du spectre autistique, s’expriment généralement de la manière suivante (tableau non exhaustif) :

Tableaux propriété de l’association CAPU

La Haute Autorité de Santé encourage à entamer des examens cliniques approfondis de l’individu si ce dernier présente au moins deux des caractéristiques listées ci-dessus.

En plus de ces symptômes, le DSM-5 énumère deux autres critères d’identification des troubles du spectre de l’autisme :

-Ces caractéristiques doivent être présentes au cours du développement précoce de l’enfant (ce qui correspondrait aux trois premières années de vie, le diagnostic survenant à l’âge moyen de 4 ans et demi selon l’enquête DoctissimoFondamental, 2013), bien qu’elles puissent ne devenir pleinement tangibles qu’à postériori, une fois que les exigences sociales dépassent les capacités limitées, ou que les stratégies de contrepoids par rapport aux déficits développées par l’enfant perdent en efficacité.

-Les symptômes observés doivent provoquer une altération cliniquement significative du fonctionnement et de l’évolution de l’individu dans les domaines scolaires, professionnels, sociaux etc.

Séverine Leduc emploie l’expression de « Caméléon social ». Sur France Inter, dans une émission en date du 10 octobre 2018, elle échange au sujet de l’altération des interactions dites de réciprocité émotionnelle.

Illustrons cet aspect des troubles du spectre de l’autisme.

Les individus dits neurotypiques sont en permanente situation de réceptivité par rapport aux signaux corporels, verbaux, que leurs interlocuteurs émettent, pour ensuite adapter, moduler leur discours, en fonction du niveau d’intérêt, de l’opinion, implicitement manifestés par ces signaux extérieurs captés. L’individu présentant des troubles du spectre de l’autisme ne saisit pas l’implicite. Il est incapable de décoder adéquatement ces signaux, ces émotions à lire entre les lignes, et de ce fait, il ne parvient pas lui-même à bien exprimer les émotions qu’il ressent, ce qui rejoint les possibles troubles du langage qui se manifestent chez certaines formes des troubles du spectre autistique.

Il peine également à faire le lien entre sa pensée et celle de l’autre, il comprend « après-coup », il possède ce que Rousseau appellerait un « esprit en escalier ». Impuissant face à l’ensemble des stimuli extérieurs perçu comme une véritable cacophonie, l’individu présentant des troubles du spectre de l’autisme va développer une forte tendance à se replier sur soi, à se focaliser sur une vie, un univers intérieur, avec des intérêts et des routines bien délimitées, synonymes pour lui de terrain connu, et de sécurité. Faute de maîtrise de l’extérieur, il se créera une forteresse pour tenter de maîtriser son intériorité.

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La problématique la plus éminente qui entoure les troubles du spectre de l’autisme est cependant la multiplicité, la diversité, de l’autisme dit « invisible », et qui se couple le plus souvent avec le haut potentiel. Comme il est rappelé dans le Figaro santé dans son article “Autisme : favoriser un diagnostic précoce” publié le 19/02/2018, le manque de certains symptômes empêchent un diagnostic d’autisme dit classique, ce qui a laissé pendant longtemps les individus touchés par ses « traits autistiques » dans une zone grise de non diagnostic.

L’introduction du concept de spectre, de continuum des troubles autistiques, a permis de mettre un nom sur les caractéristiques de ceux qui ne présentent que certaines de ces caractéristiques de manière isolée, notamment avec les manifestations légères du Syndrome d’Asperger.

Il est nécessaire de bien se rendre compte d’une chose : le haut potentiel dans sa forme pure et dure ne rime pas intrinsèquement avec mal-être. Beaucoup de hauts potentiels vivent de manière épanouie, sur le plan professionnel comme personnel. Les ennuis sont souvent provoqués par les troubles dits associés, et donc la manifestation d’un profil dit Twice Exceptional. Les troubles du spectre de l’autisme font partie de cette catégorie des troubles associés. Les difficultés sociales engendrées par les troubles du spectre peuvent ainsi entrer en collision avec l’hypersensibilité du sujet à haut potentiel par exemple, ce qui peut entraîner des difficultés et une dégradation de l’état psychologique de l’individu.

Les formes les plus fréquentes des troubles du spectre de l’autisme sont ainsi les moins visibles mais pas forcément les moins entravantes, l’autisme lourd, l’autisme « classique », qui est pointé du doigt, ne représentant ainsi que la pointe émergée de l’Iceberg.

Un Haut Potentiel présentant certaines caractéristiques listées ci-dessus est donc fortement encouragé à consulter pour bénéficier d’un accompagnement adapté à ses besoins dans l’éventualité d’un diagnostic.

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Sources :

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