Nous ne cessons de rappeler qu’il y a autant de formes de haut potentiel qu’il y a de personnes dites à haut potentiel, que chaque zèbre a des zébrures uniques, comme les empreintes digitales humaines. Dans cet article, nous partons à la rencontre de ceux que les anglo-saxons nomment “twice exceptional”, les “doublement exceptionnels”, du fait qu’en plus de la douance, ils présentent d’autres spécificités neurophysiologiques, qui peuvent cependant bien évidemment aussi exister sans être associées au haut potentiel (troubles associés = TA).
Ces atypismes qui se combinent à la douance sont principalement soit des troubles dits neuro-développementaux (parmi lesquels on retrouve les troubles dys, le TDA/H, les troubles du spectre autistique), soit des troubles de santé psychologique et mentale.

45% des individus HP seraient Twice Exceptional, mais seulement 18% d’entre eux seraient diagnostiqués, dans un délai de trois ans et trois mois après la moyenne de diagnostic des profils de HP classiques, selon les travaux de l’orthophoniste française Caroline Mann. (source : Neuropsychologie Montréal)
Les troubles associés les plus fréquents accompagnant le profil doué twice exceptional sont les dyslexies-dysorthographies phonologiques ainsi que les dyspraxies (les dyspraxies se manifestent par exemple par de la maladresse, une écriture illisible, des retards au niveau de la coordination motrice…) .
La grande mémoire visuelle et langagière, ainsi que le vocabulaire communément plus avancé et développé des personnes douées tendent justement à savamment masquer certains troubles de l’apprentissage.

L’édition du Manuel diagnostics et statistiques des troubles mentaux de 2015 (DMS V), précise que le champ des troubles neuro-départementaux est bien plus large que les thématiques, plus fréquentes, des troubles dys (dyspraxie, dysorthographie, dyscalculie…).
On retrouve ainsi plusieurs grandes catégories :
-les troubles moteurs : troubles moteurs ou vocaux, troubles transitoires, TIC syndrome de la tourette (on peut ici citer l’exemple de Mozart), les troubles du développement de la coordination
-Troubles de communication : troubles dysphasie du langage, de la fluence, de la parole, de la pragmatique, de la communication non précisée
-Troubles du spectre autistique (TSA)
-TDA/H : troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité
-Troubles spécifiques des apprentissages (exemple d’Albert Einstein !) : Dysorthographie (écriture), Dyscalculie (mathématiques), Dyslexie (lecture).
-Autres troubles neuro-développementaux tels que les troubles du développement, la déficience intellectuelle : à des degrés divers, + retard global du développement
source : ANPEIP

Comment ce double atypisme va-t-il se manifester, par exemple, dans le domaine scolaire, là où il est le plus souvent détecté ? Selon Reis, Baum, et Burke (2014), un élève twice exceptional vit dans la compensation permanente de ses faiblesses, grâce à ses forces qu’il puise dans son haut potentiel et sa créativité dans des domaines d’activités définis.

Un profil twice exceptional reste donc un profil présentant des besoins spécifiques, auxquels l’environnement scolaire, familial, doit tenter de s’adapter au mieux, afin que le 2e puisse tirer le meilleur de ses atypismes. La fragilité de ce profil se trouve dans cet “entre deux”, où le potentiel masque le handicap, mais le handicap masque aussi le potentiel, la plupart des 2e se situant dans la moyenne, ou à un niveau de performance académique inférieur au reste de la classe, ce qui donne fréquemment lieu à de nombreux non-diagnostics, mais aussi mauvais diagnostics, engendrant frustrations et souffrances.
Il est donc important de sensibiliser la société à de tels profils, puisqu’ils cassent les clichés entourant le Haut potentiel, tout en en soulevant la diversité, mais aussi et surtout, la complexité, et que ce sont des individus qui ont réellement besoin d’aménagements et d’aides adaptés à leurs atypismes pour révéler les immenses richesses dont ils sont les gardiens, et qui se trouvent également dans ce qui, au premier abord, apparaît comme une faiblesse. (Avec le TDA par exemple, viennent de fortes capacités d’intuitivité et d’intenses épisodes de concentration, englobés sous le terme “d’hyperfocalisation”).
