Si tu es HPI, si tu es “zèbre”, ton hypersensibilité s’accompagne très certainement de problèmes que tu peux rencontrer avec les autres : ce peuvent être tes parents, tes frères et soeurs, ou mêmes tes amis… On peut revenir rapidement sur l’image du zèbre.
Un zèbre est couvert de rayures, et quand on pense à des rayures, on peut penser à des griffures. Griffures du passé, endurées à cause de l’hypersensibilité. Cela ne fait pas de toi quelqu’un de faible, mais quelqu’un qui se sent fragile, qui a besoin de se sentir protégé. La plus grosse tendance que tu as peut-être pu repérer chez toi est celle de vivre toute chose venant de l’extérieur comme une agression. Un bruit trop fort, une parole trop vive, les gestes parasites de ton voisin de table… tout peut t’apparaître très rapidement insupportable, et te faire sur-réagir. Tout peut aussi t’apparaître comme une injustice, une trahison, un abandon. Sans t’en rendre compte, puisque tu te places dans une quête permanente de l’absolu, tu es une personne très exigeante dans ce que tu attends des relations que tu entretiens avec les autres, comme tes amis par exemple. Quand tu te sens trahi, tu es triste ; cette tristesse est très dure à vivre pour toi. Et pourtant, quand par exemple tes parents veulent que tu leur en parles, tu peux te montrer agressif, et griffer à ton tour ceux qui veulent t’aider. Tu vas finalement devenir aussi violent que les émotions que tu ressens, qui sont parfois d’une intensité intenable. Ce que tu remarques ici, c’est que la tristesse que tu peux ressentir par vagues qui peuvent presque t’étouffer, cette détresse, c’est en réalité une rage déguisée ; c’est la colère contre les autres qui te rejettent, contre ceux qui en apparence ne te comprennent pas, et une colère contre toi-même parce que tu en as assez d’être différent, de ressentir les choses différemment, de te comporter différemment. Ta tristesse et ta rage alimentent un combat incessant que tu veux mener contre toi-même pour devenir l’idéal que tu t’es imaginé de toi-même. Pourtant, tu te rends très rapidement compte que tu ne peux pas changer totalement. Le haut potentiel, et tout ce qui va avec, tu vas devoir vivre avec toute ta vie : ton but, là, maintenant, c’est de réussir à l’apprivoiser.
Les HPI peuvent devenir des individus très violents, repliés sur eux-mêmes, parce qu’ils ne savent pas verbaliser ce qu’ils ressentent, parce qu’ils n’ont pas les bons outils pour gérer ce qui se passe dans leur cerveau. Quand un HPI perd toute rationalité et entre dans de violentes crises de colère, cela s’apparente à un court-circuit cérébral. C’est comme si l’avant du cortex pré-frontal (responsable de la réflexion, du rationnel, du jugement) sautait face à la pression du cerveau limbique (émotions, instincts), et que l’individu perdait tout contrôle sur lui-même. Ceci va le faire culpabiliser par la suite, puisqu’il veut être une “bonne personne”, ce qui va donc à nouveau augmenter la colère qu’il a pour lui-même et donc le rendre une nouvelle fois susceptible d’être violent. C’est un véritable cercle vicieux.
En souffrant énormément, les HPI peuvent donc également faire souffrir leur entourage. Ce qu’il faut retenir, c’est que le HPI va se comporter de la manière qui permettra à son cerveau de fonctionner de la façon la plus optimale. Cela implique parfois de manipuler les autres pour parvenir à ses fins, ou alors de devenir très agressif en oubliant que les autres ont un ressenti. Le HPI peut alors apparaître comme quelqu’un d’égoïste qui exploite son entourage, alors qu’en règle générale ce genre de comportements cache en réalité une grande souffrance, un immense manque de confiance en soi. Parce que le HPI a un grand besoin d’affection et tente, extérieurement, de cacher sa différence le plus possible pour ne pas être rejeté, il va être plus difficile à gérer dans le cadre familial ; de nombreux parents d’enfants HPI se trouvent totalement démunis face aux difficultés rencontrées concernant l’éducation. En effet, à la maison, le HPI sait inconsciemment qu’il ne sera pas rejeté, qu’il peut relâcher la pression qu’il aura accumulé en cachant sa part “zèbre” devant les autres. Ce qu’on constate donc, c’est que le HPI n’a souvent pas les bons moyens pour gérer ses émotions, qui au lieu d’être leur meilleur allié, vont être leur pire ennemi, ce qui est aussi toxique pour le HPI que pour ses proches.
Un autre écueil des HPI “zèbres” et donc hypersensibles est celui des pervers narcissiques.
Les pervers narcissiques sont des personnages complexes et toxiques, incapables de vrais sentiments, qui basent leur action de destruction sur la manipulation et le dénigrement de leur victime. Pour faire le lien avec le point précédent, le pervers narcissique désigne une victime, et la victime se laisse passivement choisir. Je vais commencer par expliquer le cercle vicieux du pervers narcissisme. Retenez trois rôles : la victime, le sauveur, le persécuteur.
1. Première phase : le pervers narcissique endosse le rôle du sauveur. Il va à la rencontre de la victime, fraîchement blessée par des antécédents personnels. La victime a l’apparence de quelqu’un de faible, et attire le pervers narcissique en même temps qu’elle a besoin d’un sauveur.
2. Deuxième phase : quelques temps plus tard, la roue tourne ; après avoir profité du réconfort apporté par le pervers narcissique en tant que sauveur, ce dernier va inverser les rôles et se mettre dans le rôle de la victime tandis que l’ancienne victime devient persécuteur : tout sera de sa faute.
3. Troisième phase : le “faux persécuteur” est écrasé par une culpabilité injustement ressentie, et va vouloir devenir sauveur pour sauver la “fausse victime” qui n’est autre que le pervers narcissique.
4. Quatrième phase : le pervers narcissique change de rôle pour se faire persécuteur, et le sauveur se fait victime.
5. Cinquième phase : le pervers narcissique passe du stade de persécuteur à sauveur et le cycle recommence
Certains indices peuvent alerter sur le fait que l’on est face à un pervers narcissique :
– Un pervers narcissique a plusieurs personnalités, plusieurs visages : il séduit et attire sa victime par une conduite affable, puis, dès que la victime sera dans ses filets, il devient dur et incapable d’empathie.
– Il ne veut pas confronter la réalité de ses erreurs ; il changera de sujet de conversation et niera constamment les évidences
– Il dénigre la victime en public.
– Il renouvelle son emprise quand il sent la victime s’éloigner
– Il joue de la dépendance affective, manipule et ment.
Quand on est victime d’un pervers narcissique, il est extrêmement important de couper tous liens avec le persécuteur pour cesser toute forme d’emprise psychologique. La coupure est souvent très difficile, la plupart du temps parce qu’on est attaché à la personne, et parce qu’on se sent coupable de la tournure toxique de la relation. Pour les hypersensibles, il est indispensable de déculpabiliser, mais aussi d’être vraiment vigilant par rapport aux divers indices qui permettent de démasquer un pervers narcissique, puisque les hypersensibles ont tendance à les attirer particulièrement.
Pour finir, on peut conclure en affirmant qu’il est très important pour un HPI hypersensible de choisir ses amis, et non pas de les laisser le choisir. Les précoces hypersensibles sont davantage sujets à se laisser entraîner dans des relations abusives, où il se prennent d’affection pour quelqu’un seulement parce que cet individu a commencé à leur témoigner de l’affection, et non parce qu’ils ont choisi d’aller vers cette personne, parce que, comme on a pu le voir précédemment, le “zèbre” éprouve un besoin démesuré de reconnaissance et d’affection et manque de confiance en lui.