Les définitions entourant le neuroatypisme, et plus particulièrement le haut potentiel sont souvent floues et contestées. Sans définition universelle, les sceptiques auront tendance à dire que cette différence n’existe tout simplement pas.

Pour mieux comprendre la complexité de ce phénomène et bien réel, nous vous invitons à revenir en images avec nous sur les constats établis par Callahan (2018)*, qui a isolé cinq principes généraux de la douance et de son expression ! De quoi enrichir votre réflexion et vos opinions !

• Le premier principe nous rappelle que la douance est avant tout potentiel, qui s’épanouira en fonction des expériences, et des choix de l’individu.

• Le second principe nous indique que le développement du haut potentiel est fortement conditionné par l’entourage familial, scolaire, et que ces deux univers ont donc un rôle important à jouer dans le développement et l’épanouissement socio-académique de l’enfant doué. Dans le cas de milieux sociaux plus aisés, les tests de QI passés tôt dans l’enfance pourront même être faussés de quelques points, car l’enfant aura, dans ce type d’environnement, tendance à avoir été davantage stimulé au niveau intellectuel, social, culturel…

• Le troisième principe rappelle que, bien évidemment, le haut potentiel peut devenir, dans certaines situations et pour certains individus, un handicap au quotidien. D’abord par la sensation de différence et décalage qu’il induit, mais aussi par le décalage fréquent entre maturité intellectuelle et émotionnelle, qui provoque parfois des retards en termes d’intelligence inter-personnelle, autrement dit, les habiletés sociales. En complément d’information, nous joignons ici un tableau issu des travaux de Webb et al, 2016, et mis en forme par Marianne Boulanger en 2018, psychologue et neuropsychologue.

• Le quatrième principe précise très justement que « l’identité HP » ne s’exprime pas à tous moments. Tel un super-héros qui revêt son costume que de temps à autre, l’individu à Haut Potentiel ne doit pas être simplement et purement défini par sa seule différence neurologique. Le chiffre du QI, le diagnostic en soi importent mieux, c’est ce que l’individu doué réussit à faire de son potentiel qui prévaut. Mais avant « d’être HP », qui n’est qu’une spécificité comme une autre, il est d’abord un enfant, un adolescent, un adulte, incroyable et unique comme chacun.

• Le cinquième et dernier principe appuie bien le constat que présenter un haut potentiel, ne signifie pas obligatoirement bénéficier d’une garantie de réussite et d’excellence tout au long de la vie. Le développement des talents induits par le haut potentiel dépend énormément non seulement d’un accompagnement extérieur si besoin, mais aussi et surtout d’une capacité de l’individu doué à se responsabiliser par rapport à son parcours personnel et à exécuter un travail de fond sur lui-même.

La considération de ces cinq principes nous indique donc que l’expression de la douance n’est pas permanente, mais surtout conditionnée par l’intervention d’une multitude de facteurs extérieurs. Le troisième principe nous rappelle cependant aussi que l’épanouissement de l’individu doué suppose également une grande partie de travail sur lui-même.

Selon Sternberg**, l’intelligence est d’abord la capacité à s’adapter, et c’est en comprenant, assimilant les attentes, et adaptant ses fortes aptitudes, en développant ses habiletés sociales, et en les mettant au service de la société de manière optimale à leur développement, que l’individu doué saura tirer le meilleur de sa différence au quotidien. Mais là encore, un long chemin est à parcourir pour tracer la frontière entre saine adaptation et auto-censure ! Un défi tout à fait à la hauteur des jeunes neuroatypiques !

*Callahan, C. M. (2018) The characteristics of gifted and talented students. In Callahan, C. M., & Hertberg-Davis, H. L. (Eds.). Fundamentals of gifted education considering multiple perspective (pp. 153-166). New York, NY: Routledge.

**https://www.ordrepsy.qc.ca/-/regard-sur-les-modeles-theoriques-de-la-douance