La précocité intellectuelle, un phénomène neuro-biologique et génétique

Le Haut Potentiel, c’est avant tout un cerveau différent, qui fonctionne différemment, se caractérisant notamment par une hyperconnectivité cérébrale, à l’origine de la fameuse pensée en arborescence qui caractéristique les zèbres. Cet article vous apportera des précisions sur les spécificités neuro-biologiques du cerveau HP:

Un type de cerveau qui n’est pas si rare :

– 2,3 % de la population française est HP (à haut potentiel).

– 1 enfant sur 20 en milieu scolaire est un EIP (enfant intellectuellement précoce)

Le cerveau, une centrale nerveuse :

–  100 milliards de neurones

– 2 hémisphères (gauche et droit) , reliés par les « corps calleux » (réseau de fibres).

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Il y a deux principales manières d’appréhender la structure cérébrale :

A. Les quatre lobes :

– Le lobe frontal, centre de contrôle du cerveau. Il est chargé du raisonnement, du jugement, de la planification et de la gestion rationnelle des émotions.

– Le lobe temporal, chargé du traitement de l’image et du système auditif. Il est également lié à la mémoire et aux émotions.

– Le lobe pariétal, chargé de l’intégration de l’information sensorielle (douleur, toucher…).

– Le lobe occipital, principalement chargé de la vision (reconnaissance des visages, formes, couleurs…).

– Certains parlent aussi d’un cinquième lobe, qui est le cervelet (responsable de l’équilibre, par exemple).

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B. La théorie du cerveau triunique, qui distingue “trois cerveaux”, apparus successivement au cours de l’évolution de l’espèce humaine :

– Le cerveau reptilien (région du cervelet) : fonctions et instincts de survie. On voit par exemple que le cervelet est responsable de l’équilibre.

– Le cerveau limbique : les émotions, la mémoire…

– Le cortex, couche de matière grise qui enveloppe le cerveau limbique : le raisonnement, l’anticipation. Le cortex permet de contrôler l’influence des cerveaux reptilien et limbique.

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Spécificités observées sur les cerveaux appartenant à des individus précoces :

– Une activité accrue et une hypertrophie des régions du cortex (cortex pariétal et frontal) ; le cerveau d’Einstein présentait par exemple un cortex surdimensionné. Ceci entraîne une hypersensibilité potentielle, mais aussi de grandes facilités dans les domaines intellectuels de la réflexion et du raisonnement.

– Une activité intense dans les corps calleux reliant les deux hémisphères, et dans plusieurs faisceaux intra-hémisphériques. La conséquence résulte en une vitesse de traitement et de communication de l’information plus élevée que la moyenne, que ce soit entre les deux hémisphères ou au sein des hémisphères mêmes. On retrouve ce même phénomène avec la qualité très élevée du tissu glial – support des neurones cérébraux – dans les cerveaux précoces, permettant là aussi un traitement de l’information plus rapide et efficace par la multiplication des connections nerveuses et leur grande intensité.

– L’épaisseur du cortex : accroissement bien plus rapide que la normale entre 7 et 12 ans, et amincissement ultérieur également plus rapide.

– Allongement et augmentation de la fréquence de la phase de sommeil paradoxal, responsable de la récupération mentale, de la maturation du système nerveux et de l’augmentation du stockage de la mémoire. Le sommeil paradoxal est également appelé REM (rapid eyes movements) : c’est par ces mouvements rapides d’yeux, sans pour autant susciter l’action des muscles squelettiques, que le cerveau trie les informations et les travaille. On remarque ainsi que le cerveau consomme beaucoup plus d’énergie au cours du sommeil paradoxal qu’en état de veille.

– Le rôle des patrons de gyrification, au niveau des sillons de jonction entre les lobes pariétal et temporal : les circonvolutions cérébrales étant un des premiers éléments qui se forment au cours du développement de l’embryon pendant la grossesse, et le fait qu’ils diffèrent entre un cerveau précoce et un cerveau standard, tend à prouver que la précocité est génétique et héréditaire.

En bref : le cerveau des précoces est comme une centrale électrique alimentée par de gros câbles à très haut débit. Le fait que la précocité soit détectable par électroencéphalogramme montre bien que la surdouance n’est pas uniquement liée à la stimulation apportée par le cadre social, scolaire ou familial. La précocité intellectuelle est inscrite dans le patrimoine génétique de l’enfant, déjà bien avant la naissance, puisque l’on constate que les cerveaux d’individus à haut potentiel présentent un certain nombre de spécificités biologiques, absentes des cerveaux “standard”. 

 

Références 

Revol, O., Louis, J., & Fourneret, P. (2004). L’enfant précoce : signes particuliers. Neuropsychiatrie de l’Enfance et de l’Adolescence, 52(3), 148‑153. https://doi.org/10.1016/j.neurenf.2003.10.004

Shaw, P., Greenstein, D., Lerch, J., Clasen, L., Lenroot, R., Gogtay, N., … Giedd, J. (2006). Intellectual ability and cortical development in children and adolescents. Nature, 440, 676‑679.

Pietschnig, J., Penke, L., Wicherts, J. M., Zeiler, M., & Voracek, M. (2015). Meta-analysis of associations between human brain volume and intelligence differences: How strong are they and what do they mean? Neuroscience & Biobehavioral Reviews, 57, 411‑432. https://doi.org/10.1016/j.neubiorev.2015.09.017

Nusbaum, F., Hannoun, S., Kocevar, G., Stamile, C., Fourneret, P., Revol, O., & Sappey-Marinier, D. (2017). Hemispheric Differences in White Matter Microstructure between Two Profiles of Children with High Intelligence Quotient vs. Controls: A Tract-Based Spatial Statistics Study. Frontiers in Neuroscience, 11. https://doi.org/10.3389/fnins.2017.00173

 

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